Dans le milieu scolaire, une nouvelle vague d’approches permet aux enseignants de s’adapter à la cohabitation « intelligence artificielle ((IA) et intelligence humaine (IH) ». Le travail des professeurs est valorisé, essentiel. Il est considéré comme une richesse inestimable.
Les résultats d’une méta-analyse récente1 démontrent que les pratiques de l’enseignant prédisent plus fortement et systématiquement la capacité d’autodétermination d’un élève que les pratiques parentales.
Enseigner est un mandat énorme, exigeant et profondément humain. Dans bien des cas, un enseignant devient ce tuteur de résilience qui fera toute la différence dans la vie d’un enfant. Ce lien humain est précieux — et aucune intelligence artificielle ne pourra le reproduire.
La résilience des enseignants
Alors pourquoi certains croient que les profs sont dépassés par l’IA, par TikTok ? L’intelligence artificielle entre désormais dans les classes. Elle répond plus vite que les profs, elle semble tout savoir, et parfois même mieux expliquer. Au point que certains se demandent : est-ce que les enfants croient que leurs enseignants sont dépassés ?
Les enseignants ne sont pas dépassés, ils sont fatigués. Ce n’est pas le manque d’amour ou de reconnaissance que certains démissionnent, mais par la lourdeur de la tâche et la complexité du monde. Il change trop vite.
En 25 ans, la société est devenue numérisée et collectivement nous commençons à peine à en entrevoir les effets. Le miroir que nous renvoie l’IA reflète la nécessité d’un changement de regard sur nous-mêmes, les humains. À commencer par la remise en question d’anciennes approches pédagogiques, dont la performance continue d’être le centre.
L’enseignant, un leader bienveillant
Lorsque l’enseignant comprend la valeur humaine de son rôle, le feu sacré peut s’allumer. Aujourd’hui, les nouvelles pédagogies misent non seulement sur la performance du prof, sur ce qu’il fait, mais sur qui il est. Valoriser la nature humaine des enseignants est la voie de l’avenir.

Les enfants le confirment tous les jours : ils n’aiment pas seulement leurs cours, ils apprécient la présence, l’écoute, la chaleur et l’attention que leur offrent leurs enseignants.
La recherche développe de nouvelles approches en éducation qui valorisent les pratiques éducatives plutôt que punitives2 (Gaudreau, 2011). L’intégration de ces approches produit parfois un choc chez certains enseignants, habitués à la vieille manière récompense-punition. Mais le travail en soutien aux enseignants au primaire est important et inspirant.
L’adulte cherche à comprendre le besoin derrière le comportement perturbateur, ajuste sa posture, ses mots, son ton. Les avancées en neurosciences apportent d’ailleurs un nouvel éclairage sur les notions d’attachement et de trauma3 (Milot, T. et al, 2018). Les enseignants y sont de plus en plus sensibilisés, apprenant à comprendre non seulement les besoins de leurs élèves, mais aussi les leurs. Ils deviennent des leaders bienveillants.
Traverser de l’autre côté du miroir ou les apprentissages profonds de l’humain
Dans ce nouveau contexte, la psychologie évolutionnaire offre un éclairage précieux. Elle invite à reconnaître que l’humain est bien plus qu’un processeur d’informations. Chaque être évolue dans un potentiel de conscience qui, lorsqu’il se déploie, devient la source d’une énergie décuplée et d’une créativité infinie.

L’IA, aussi impressionnante soit-elle, n’opère que sur l’intelligence cognitive et informationnelle. Elle imite, compile, déduit. Mais elle n’éprouve pas. Elle n’éveille pas. Elle ne résonne pas.
La psychologie évolutionnaire met en lumière les états d’intelligence qui permettent de distinguer l’IA et l’IH. L’IA est doté de 2 états d’intelligence et l’humain peut acquérir 6 états d’intelligence à travers le développement de 3 degrés de sensibilité.
Dans une classe, ce potentiel de conscience globale se manifeste à travers les relations humaines : la qualité de présence du professeur permet à l’intelligence de l’enfant de s’éveiller.
L’enseignant incarne cette intelligence sensible — celle qui sent le moment juste pour intervenir, qui perçoit l’émotion d’un élève avant même qu’il ne parle, qui dégage une chaleur lorsqu’il s’approche de lui pour le rassurer.
Tout humain, soit-il enseignant, a le don inné d’activer l’intelligence intuitive — celle qui comprend au-delà des mots. Et quand il enseigne avec une conscience ouverte, l’enseignant manifeste le potentiel d’une intelligence libre — celle qui inspire chez l’élève la confiance de penser par lui-même, de s’autogouverner.
L’IA pousse les humains à se dépasser
Plutôt que de craindre l’IA, il est temps de s’en servir pour ce qu’elle est : un outil d’informations au service de l’humain.
En ce sens, l’IA nous pousse à réinvestir notre humanité, à développer notre conscience, notre sensibilité et nos 6 états d’intelligence. Ce n’est pas une compétition entre la machine et l’humain, mais une invitation à réhabiliter notre intelligence supérieure.
L’école du futur ne sera pas celle où l’on remplacera les professeurs par des algorithmes, mais celle où les enseignants auront retrouvé leur plein pouvoir créateur. Ces leaders bienveillants deviendront des accompagnateurs de conscience, des activateurs d’intelligence humaine et insuffleront en toute conscience à nos enfants le désir d’apprendre dans un cadre toujours plus profondément humain.
Et dans ce futur — déjà en marche — l’enfant saura que, face à toute machine, l’humain reste la plus grande intelligence de la classe.
- Bureau, J. S., Howard, J. L., Chong, J. X. Y. et Guay, F. (2022). Pathways to student motivation: A meta-analysis of antecedents of autonomous and controlled motivations. Review of Educational / Research, 92(1), 46-72. https://doi.org/10.3102/00346543211042426 ↩︎
- Gaudreau, N. (2011). La gestion des problèmes de comportement en classe inclusive : pratiques efficaces. Éducation et francophonie, 39(2), 122–144. https://doi.org/10.7202/1007731ar ↩︎
- Milot, T., Collin-Vézina, D., & Godbout, N. (dir.). (2018). Trauma complexe : Comprendre, évaluer et intervenir. Presses de l’Université du Québec. ↩︎





